Ali’dje
A qui reviendra la Coupe de Belgique ? A un Standard mort de faim, mais encore K.O., où à un Club de Bruges qui mène sa saison avec la sérénité d'un vieux sage. Découvrez la chronique de la technicienne de surface.
- Publié le 20-03-2016 à 12h27
Un scénario ambitieux, un premier rôle dans une grosse production, un duo de jeunes réalisateurs dotés d’une belle cote dans le ciné indie américain. Quand ceux qu’on appelle alors les frères Wachowski frappent à la porte de Will Smith pour lui proposer le rôle de Neo dans leur prochain film, intitulé Matrix, le comédien a tout en main pour donner à sa carrière une nouvelle dimension. Las, l’acteur dit non et préfère tourner le piteux Wild Wild West. Refuser l’un des chefs-d’œuvre du Septième art et véritable fleuron de la pop culture des années 90 pour un western aussi raté que vulgaire (qui lui vaudra d’ailleurs un Razzie Award), difficile de se planter plus…
Avoir la charnière défensive la plus élégante de Pro League, un gardien champion du monde entre les perches, Edmilson, l’un des joueurs frisson du championnat, un attaquant revigoré et louper les playoffs 1 après un match aussi catastrophique qu’un film de Rob Cohen, oui, il y a un peu de Will Smith chez Yannick Ferrera. Et pas uniquement dans leur maestria pour communiquer avec les médias. L’entraîneur du Standard avait pourtant eu ce qu’il voulait : son petit ailier trudonnaire, un défenseur central, agrémenté de l’arrivée de Valdés et Dompé. Une série de joujous qui aurait dû permettre aux Rouches d’accrocher le wagon de tête. Il n’en sera finalement rien.
Deux ans après le raz-de-marée informatico-métaphysique de Matrix, Will Smith obtenait pourtant sa respectabilité en interprétant Mohamed Ali devant la caméra de Michael Mann. Bref, en jouant un mec passé par tous les sentiments durant sa carrière. Les hauts, les bas, Ferrera les a aussi connus cette saison, entre euphorie et déception(s), grinta et changements parfois incompréhensibles sur le terrain. Mais dimanche, le coach n’aura pas le choix s’il veut enfin faire taire ceux qui ne voient en lui qu’une hype passagère, un mec un peu trop sûr de lui qui n’a encore rien prouvé : il faudra gagner au stade Roi Baudouin. Et pour cela, il faudra sortir un combat à la Foreman, en donnant tout et en oubliant cette position d’outsider encore renforcée après la 30e journée. Et surtout, en laissant l’assurance affichée après la victoire contre Genk, celle qui rappelle tant l’avant-combat entre Ali et Frazier, au vestiaire. En même temps, le Standard serait gonflé de crâner, lui qui n’a pas grand-chose à revendiquer face au Club, beau leader de la compétition.
Preud’homme et son Olympe
Face à lui, Ferrera devra se mesurer à Preud’homme, un entraîneur avec il partage une réputation tête à claques, mais qui s’est montré étonnamment discret, laissant Mazzù et Dury endosser le costard de parano de service. Un calme quasi olympien, à peine brisé par une petite mise au point ertébéenne. Zen, MPh peut l’être. Avec deux défaites encaissées en onze rencontres en 2016, le voilà en train d’écrire un chapitre grandiose de l’histoire du Club.
Mieux, l’ex-meilleur gardien du monde a réussi là où son ancien padawan a failli : il a survécu (et comment !) à l’après-Vazquez. La perte du génie de Catalogne n’a rien coûté aux Brugeois, qui avaient déjà son successeur sur le banc, un certain Vanaken. Au Standard, Yannick Ferrera a, lui, hérité en dernière minute d’un Maniatis hors-forme pour pallier le départ de Yatabaré à Brême. Un peu léger…
C’est vrai que les coups liégeois au mercato étaient funkys, bien plus que ceux de Gazelles quasi ennuyeuses à côté de cela. Sauf qu’en dégraissant son noyau, tout en attirant ce qu’il voulait (ou pouvait), le Standard a semé le vent… et perdu le tempo. Reste à savoir s’il saura le retrouver, ne serait-ce que le temps d’un match. Nonante minutes durant lesquelles les Standardmen vont avoir une (nouvelle) chance de choisir leur destin pour la saison prochaine. Belgique ou Europe ? Pilule rouche ou bleue et noire ?